A moins de six heures de Paris, et moins de trois heures de Marrakech, la Guinée est un pays qui mérite une attention particulière sur le plan infectieux : vendredi dernier Medic’Air évacue de Conakry vers Paris une patiente atteinte d’un paludisme à falciparum. Mais si les cas de neuroplaudisme sont fréquents et comme partout le coronavirus est désormais présent ce sont les virus des fièvres hémorragiques qui restent une menace à ne pas négliger.
En février 2021, les autorités sanitaires de Guinée annonce la résurgence de cas de fièvre Ebola dans la région N’zerekore berceau de l’épidémie d’Ebola qui a touché cette partie de l’Afrique de l’Ouest de 2014 à 2016.
Cette épidémie rapidement circonscrite a été déclarée terminée mi-juin avec 23 cas identifiés et 12 décès à déplorer. Les infectiologues notent qu’il s’agit de la même souche de filovirus que celle de l’épidémie précédente avec très peu de mutations ce qui laisse à penser à une résurgence d’Ebola à partir de survivants.
Le 9 août dans la même région, à Guéckedou, un cas de maladie de virus de Marbourg est identifié par les autorités sanitaires qui prennent immédiatement les mesures d’isolement utiles. Les cas contacts ont été identifiés et isolé et cette alerte Marbourg sera levé mi-septembre avec un seul décès à déplorer.
Fièvre virale hémorragique déjà identifiée en Afrique centrale (Ouganda…), le filovirus de Marbourg fait sa première apparition en Afrique de l’Ouest. Cette découverte est certainement favorisée par les mécanismes de détection mis en place dans toute cette sous région par le service de santé de la Guinée et les organismes humanitaires en place depuis les dernières épidémies de fièvre Ebola.
Thérapeutique
En juillet 2017, l’OMS confirme l’efficacité de la Ribavirine comme traitement de la fièvre de Lassa dans les six premiers jours après l’apparition des signes cliniques.
En janvier 2020 l’ HAS (Haute Autorité de Santé française) publie les recommandations d’utilisation du vaccin ERVEBO contre la fièvre hémorragique de type Ebola.
Par contre, à ce jour aucun traitement spécifique contre la fièvre de Marbourg n’existe ni en prophylaxie ni en curatif.
Spécificités de la fièvre de Marburg
Son taux de mortalité varie entre 24 % et 88 % selon l’OMS avec une période d’incubation de 2 à 21 jours. Son taux de reproduction varie de un à deux (pour un taux de 6 pour le variant Delta du coronavirus).
Sa transmission se fait tout comme Ebola par les contacts à travers les fluides corporels.
Si sa dangerosité est réelle, son risque de pandémie est très limité.
Objectifs :
Le risque identifié à notre niveau est la contamination d’un soignant ou d’un humanitaire par un patient porteur de la fièvre de Marbourg et la nécessité de l’évacuer sur un centre de soins hautement spécialisé hors de l’Afrique de l’Ouest.
Nous continuons de garder du matériel d’isolement et du personnel entraîné à l’évacuation de ces patients en testant et améliorant nos protocoles internes de prise en charge est de mise en condition. Le transport de ses patients sous bulle d’isolement a fait ses preuves et était maîtrisé par nos équipes et ce avant même l’épidémie d’Ebola de 2014 – 2016.
Certains de nos patients atteints par la COVID19 ont bénéficié d’évacuation sous bulle d’isolement en particulier dans la première phase de pandémie alors que les soignants ne disposaient pas d’une vaccination efficace. Ces patients étaient stables, sans détresse ou asymptomatiques, ne nécessitant pas plus de 2 litres par minute d’oxygène par canule nasale. Une de nos prochaines communications portera sur l’étude réalisée en interne pour limiter les risques de feu à bord liés à l’emport de bulles d’isolement pour des patients oxygeno-requérants.