La guerre déclenchée par la Russie en Ukraine a allongé sensiblement les temps de vol des différentes routes aériennes d’Ouest en Est et inversement.
Les vols ambulance subissent également ces contraintes et ces contournements obligent nos Opérations à utiliser de nouvelles routes plus longues tout en respectant les « Temps de Service en Vol » des pilotes au cadre réglementaire rigide.
La réalisation d’un vol ambulance en cette fin novembre, depuis Ho Chi Minh au Vietnam pour Washington, DC nous a amené à choisir une route vers l’Ouest en passant par l’Europe pour rapatrier notre patient.
Le Challenger 604/605 dispose d’un rayon d’action étendu à 7000 km et aussi une cabine spacieuse permettant d’accueillir un membre de la famille, une équipe médicale, trois pilotes et disposer de la deuxième civière installée à bord comme lit de repos pour l’équipage. Notre choix s’est naturellement porté sur cet appareil.
Mise en place
L’équipe médicale, avec ses pilotes, se positionne sur l’aéroport de Saigon la veille du départ pour permettre un repos des trois pilotes avant une première phase de vol de 18 heures d’amplitude.
Durant l’escale de 24 heures à Ho Chi Minh, l’équipe médicale visite le patient et rencontre l’équipe médicale locale. Ce moment est fondamental pour la transmission des informations médicales, organiser la continuité du traitement pendant le vol et s’assurer que toute la partie administrative est bien en ordre. Cette visite est aussi un moment privilégié pour faire connaissance avec le patient et son épouse.
La première phase de vol comprendra deux stop refuelings, le premier a Dehli en Inde et le suivant à Trapzon en Turquie. avant d’atteindre l’U.E., en survolant la mer noire au large de la Crimée , pour relève de pilotes.
Après changement de pilotes l’avion redécolle aussitôt l’avitaillement effectué pour Washington DC avec une dernière escale technique à Goose Bay, Canada
Le patient sera confié à l’équipe médicale de l’hôpital receveur en Virginie après un long trajet sans aucun incident notable et dans les temps prévus.
Analyse de la mission
Au total 22 heures 30 de vol, auxquelles s’ajoutent quatre escales de moins d’une heure, les temps de prise en charge à l’hôpital et les trajets terrestres vers / depuis les deux aéroports de départ et d’arrivée soit près de 30 heures de prise en charge du malade par notre équipe médicale.
Avant un vol d’une telle élongation, la stabilisation du patient est nécessaire, cependant l’indication d’un vol ambulance est posée pour pouvoir prendre en charge toute dégradation de l’état clinique du patient nécessitant jusqu’à des Soins Intensifs, et ce durant les trente heures de surveillance.
Discussion
La préparation dans l’urgence de ce type de mission repose sur l’Autonomie et l’Anticipation.
- Une logistique parfaite, sans perte de temps ni stress à chaque escale
- Une équipe médicale expérimentée et effectuant le bon choix pour le matériel embarqué (ni trop, ni trop peu)
- Une communication permanente entre médicaux et pilotes des contraintes de chacun
- Une gestion de la fatigue qui s’organise dès le début de la mission suivant un CRM (Cabine Ressource Management) pré-établit.
Conclusion
La réussite de cette mission nous a montré l’intérêt de maintenir le même suivi médical tout au cours d’une mission, même longue en mettant en place une politique de gestion de la fatigue acceptée et rodée (CRM). C’est une alternative au changement d’appareils et d’équipes à mi-chemin « wing-to-wing » qui reste possible dans d’autres circonstances.